Land Art : quand l’art & la nature se rencontrent

Depuis son émergence, dès la naissance des premiers hommes, l’art se mêle aux évolutions des cultures à travers les sociétés des mondes.

Il marque son époque, consciemment ou inconsciemment, et demeure encore aujourd’hui le meilleur témoignage de la vie des hommes.

Il participe ainsi à sa manière, au devoir de mémoire, tel un mur du temps infini sur lequel les hommes ont marqué leurs empreintes et où les hommes de demain inscriront la leur.

Le Land Art se démarque de ses prédécesseurs puisque ses “créations” sont pour la plupart d’entre-elles vouées à être éphémères, et pose ainsi la question de la notion de temporalité dans le domaine artistique et amène également à réfléchir sur la place de l’homme au sein de son berceau originel, la nature.

Les origines du Land Art

Le Land Art privilégie les éléments et matériaux de la nature pour permettre des créations novatrices dans des environnements nouveaux. En effet, ce phénomène se détache des zones urbaines pour s’ancrer dans des “no man’s land” et profiter du cadre naturel qui se mue en véritable chevalet pour l’artiste. Celui-ci va dès lors représenter la nature dans la nature ce qui marque la particularité de ce mouvement qui marche à contre courant, loin des conventions muséales.

Né à la fin des années 1960 aux Etats-Unis, Le Land Art utilise le bois, la pierre, la terre, le sable, le rocher ; l’artiste va creuser, tracer, déplacer, planter, griffer, construire. Autant d’actions qui élargissent les savoir-faire d’un art en perpétuelle ébullition.

Land Art, un succès “naturel”

Très vite, les premières oeuvres réalisées (à majorité américaine) témoignent d’un intéressement très fort du monde de l’art contemporain.

La volonté d’allier l’art et la vie dans un monde empreint à cette époque de la culture “hippie” où l’homme et la nature ne font qu’un, est révélatrice d’une société qui prône un retour aux sources, où l’homme véritable fragment du monde qui l’entoure, se recentre et puise son énergie dans son environnement.

Ce regain de passion pour ce mouvement amène donc tout “naturellement” le Land Art dans les belles réceptions des galeries new-yorkaises de fin des années sixties. Des expositions sont dédiées à la tendance comme celle de la Dwann Gallery de New-York en 1968.

Des reportages vidéos sont tournés et diffusés internationalement.

Un des pionniers du mouvement Land Art, Robert Smithson participe grandement au succès de “dame nature” en publiant un essai The Sedimentation of the mind: Earth projects” en 1968. Plusieurs artistes internationaux lui emboîtent le pas et contribuent ainsi par leurs créations à l’éclosion d’un genre nouveau.

Un Art dans les Arts ?

La particularité du Land Art est que ses créations sont le plus souvent éphémères ce qui ne permet pas aux oeuvres de s’inscrire dans le Temps. S’ajoute également à cette variable le fait que beaucoup des oeuvres ne peuvent être exposées en musée de manière directe.

Le Land Art fait alors agir un autre type d’art qu’est la photographie. Elle va être le principal vecteur de diffusion des oeuvres.

Les films et vidéos vont également participer à l’essor de cette nouvelle tendance donnant au septième art une corde artistique de plus à son arc.

Des oeuvres spéciales créées exclusivement dans la nature et ayant comme principal matériau la terre, appelées “Earthwork”, restent une exception puisque le temps n’a pas d’emprise sur elles. Elles s’inscrivent à vie dans le paysage. Ces oeuvres demandent beaucoup de moyens pour pouvoir permettre les “changements d’horizon”. Elles nécessitent par exemple des terrassements. Les artistes américains dans les sixties ont pu jouir du paysage des grands déserts américain à l’ouest des Etats-Unis pour pouvoir réaliser des oeuvres remarquables. Pour en citer qu’une, l’oeuvre Double Negative de M. Heizer dans le désert du Nevada s’inscrit dans cette tendance.

La proximité entre le Land Art et l’architecture dans une époque où, l’écologie revient au devant-de la scène du débat social et où, il faut faire face à l’augmentation des logements plaide la cause d’une complémentarité indéniable entre ces deux techniques.

Enfin, tous les métiers d’art en rapport avec le bois, la pierre, la roche, la terre trouvent un écho au sens même du Land Art puisqu’ils contribuent de manière évidente à l’articulation d’un “rou-art” parfaitement bien huilé.

Le Land Art en 2020

Certifié comme mouvement artistique contemporain, le Land Art correspond à une vision moderne des sociétés d’aujourd’hui où la question environnementale fait beaucoup débattre dans les sphères médiatiques.

De nombreux architectes contemporains s’en inspirent ce qui donne au Land Art une dimension participative dans la vie des hommes. On peut penser à l’aéroport Marocain de Guelmim qui a su accorder son édifice avec les spécificités du paysage aride du sud du pays.

Les défenseurs pour l’écologie dans un monde où l’industrialisation à outrance pose question ont trouvé un parfait allié dans le Land Art. Il permet de véhiculer une pensée à partir d’une oeuvre réalisée avec des matériaux naturels parfois même des déchets. Beaucoup d’artistes à travers leurs créations dénoncent le silence des grandes instances gouvernementales.

Enfin le Land Art ne connaît pas de barrière générationelle puisqu’il continue à se développer sur les bancs de l’école primaire et dans les cours d’Arts Plastiques du collège et du lycée.

Il permet ainsi de sensibiliser les plus jeunes à la question environnementale tout en leur laissant un vaste choix d’expérimentation artistique.

Vous l’aurez compris, ce mouvement qui imbrique plusieurs formes d’art à lui seul tient une place importante dans le paysage artistique actuel. A l’image de l’Homme, il met pour ainsi dire en contradiction le modernisme de l’art mercantile avec l’art discret parfois anonyme, dénué qui trouve son berceau dans l’innocence même de la nature, loin des tapages de la vie quotidienne.