SUR MON CHEMIN…
J’ai eu plusieurs vies…
Pendant la première j’ai mis à profit mes études de droit pour développer une activité libérale qui, à son terme, m’a permis, pour ma seconde vie, de me consacrer en tant que galeriste à une de mes passions : les arts plastiques.
Ma troisième vie a trouvé sa source dans cette activité de marchand où j’ai fréquenté de nombreux talents, peintres, sculpteurs, artistes de rue, qui ont réveillé ma propre créativité…
J’ai commencé par intégrer dans des aérosols de peinture vides des figurines de Star Wars, qui tentaient de s’échapper mais étaient figées à jamais par la matière dans leur carcan de métal.
Sont arrivés ensuite, assez rapidement, les personnages des comics américains, Marvel et autres, et des mangas japonais, comme Naruto ou Dragon Ball ; puis des figurines souvent issues de bandes dessinées, à l’instar de Tintin, Spirou ou Astérix notamment.
Ma boulimie créatrice s’est vite retrouvée à l’étroit et je me suis mis à intégrer toutes les figurines qui me tombaient sous la main, au gré des déballages et vide-greniers : les Schtroumpfs, la famille Adams, les personnages de jeux vidéos comme Mario, Sonic ou les Lapins crétins, Pikachu, des chiens et chats célèbres, des sorcières…même Bouddha !
Les supports ont également évolué : des canettes de graffeur bien sûr mais aussi des aérosols de chantilly qui m’ont obligé (sic…) à manger des fraises jusqu’à plus faim, des fûts de bière notamment de « despérados », des boîtes à thé, de gâteaux, de parfums, de whisky, des bidons divers !
Et le contenu entier des bombes a été utilisé : des billes de plomb qui servent à mélanger la peinture en secouant l’aérosol jusqu’aux pipettes en plastique permettant de l’expulser.
En même temps, pour varier le plaisir de la disqueuse, des bombes ont été découpées, collées, pour en faire de plus grandes ou de plus petites, elle se sont ouvertes avec des retours, devant ou derrière, sur les côtés, ou encore décapuchonnées quand les figurines étaient trop grandes…
Même les dessins ont changé : à l’origine c’était mon tag qui ornait les canettes ; rapidement les croquis au « posca » se sont transformés en véritables dessins ; je ne compte pas le temps que j’y passe mais c’est un vrai plaisir que de reproduire des images tirées essentiellement du Net, au stylo acrylique, sur des surfaces peu évidentes, en écho aux figurines intégrées.
Je m’inscris modestement dans ce courant dénommé « surcyclage » qui consiste à récupérer des matériaux ou des produits en fin de cycle pour les réutiliser dans la confection de nouveaux produits, les transformer quand ils sont devenus inutiles et ainsi prolonger leur existence en leur redonnant une nouvelle vie, si possible plus belle…
Aujourd’hui l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations politiques, économiques et sociétales ; il est naturel qu’elle s’insinue également dans la création artistique contemporaine et c’est aussi mon discours et la vocation de mes « recycled cans » que d’attirer l’attention sur la nécessité de protéger notre environnement en réutilisant les déchets de notre société de consommation…